"Le Père cherche des adorateurs qui adorent en esprit et en vérité" (Jn 4,23-24).
Commencez toutes vos adorations par un acte d'amour, et vous ouvrirez délicieusement votre âme à son action divine. C'est parce que vous commencez par vous-mêmes que vous vous arrêtez en chemin ; ou bien, si vous commencez par quelque autre vertu que l'amour, vous faites fausse route. Est-ce que l'enfant n'embrasse pas sa mère avant de lui obéir ? L'amour est la seule porte du cœur... Tant que nous n’aurons pas pour Notre Seigneur au Très Saint-Sacrement un amour de passion, nous n’aurons rien fait… On dit : mais c’est de l’exagération, tout cela. Mais l’amour n’est que de l’exagération ! Exagérer, c’est dépasser la loi. Eh bien, l’amour doit dépasser la loi. " (Saint Pierre-Julien Eymard)
"On n'a pas besoin de tant parler pour bien prier. On sait que le bon Dieu est là, dans le saint Tabernacle. On lui ouvre son cœur, on se complaît en sa présence. C'est la meilleure prière, celle-là" (St curé d'Ars)
UN 'COLLOQUE' AVEC JÉSUS PRÉSENT EN PERSONNE
« Il faut l'humilité de l'homme pour répondre à l'humilité de Dieu... » (Benoît XVI, Au monde de la culture, 2008)
"L'adoration eucharistique a pour objet la divine personne de notre Seigneur Jésus-Christ présent au Très Saint-Sacrement. Il est vivant, il veut que nous lui parlions, il nous parlera. Et ce colloque, qui s’établit entre l’âme et notre Seigneur, c’est la vraie méditation eucharistique, c’est l’adoration. Heureuse l’âme qui sait trouver Jésus en l’Eucharistie, et en l’Eucharistie toutes choses..." (Saint Pierre-Julien Eymard) Au-delà des apparences du pain, c'est Jésus en personne qui nous invite à un rendez-vous d'amour. C'est le même Jésus qui dit à ses apôtres endormis : "Ne pouvez-vous pas veiller une heure avec moi ? " (Mt 26, 40). L'adoration eucharistique est une forme d'oraison qui nous permet de vivre une relation personnelle avec le Christ vivant au Saint-Sacrement. Il s'offre sans cesse au Père et veut nous associer à son offrande. Comme le blé est moulu pour devenir du pain, le corps de Jésus a été battu, écrasé, broyé pendant sa passion pour devenir pain vivant et être ainsi notre compagnon de route. "Je ne vous laisserai pas orphelin, je reviens à vous" (Jn 14, 18). Il attend de nous une réponse au don total de sa personne. L'adoration eucharistique nous permet de lui témoigner notre gratitude pour le don de lui-même dans l'Eucharistie. L'adoration devient union avec le Père lorsque nous approchons le Christ dans la foi et qui nous lui rendons amour pour amour. "La célébration et l'adoration de l'Eucharistie nous permettent de nous approcher de l'amour de Dieu et d'y adhérer personnellement jusqu'à l'union avec le Seigneur bien-aimé..." (Benoît XVI, Sacramentum Caritatis, 2007). La relation entre le petit prince et le renard d'Antoine de Saint Exupéry peut éclairer notre démarche auprès de Seigneur au Saint-Sacrement (Le Petit Prince et le renard).
"Lorsque nous sommes devant le Saint-Sacrement, au lieu de regarder autour de nous, fermons nos yeux et notre bouche, ouvrons notre coeur, le Bon Dieu ouvrira le sien; nous irons à lui, il viendra à nous, l'un pour demander et l'autre pour recevoir. Ce sera comme un souffle de l'un à l'autre." (Curé d'Ars)
SE LAISSER AIMER
L'adoration eucharistique ne consiste pas tant à "aimer beaucoup" mais plutôt à "se laisser beaucoup aimer" avec toutes nos pauvretés et fragilités. C'est le secret de l'adoration. Laissons le Christ continuer en nous l'oeuvre de guérison et de sanctification qu'il a commencé il y a deux mille ans dans les évangiles. Il vient, non pas pour recevoir nos mérites et nos vertus, mais pour sauver et relever ce qui est blessé en nous... L'adoration eucharistique, c'est être là, comme une fleur devant son Soleil. Si vous saviez quel est celui qui vous regarde à travers ces voiles… Ne faites rien, n’importe ! Une vertu sortira de lui… » (Marie-Thérèse Dubouché) "Regardez l'heure d'adoration qui vous est échue comme une heure du paradis ; allez-y comme on va au ciel, au banquet divin, et cette heure sera désirée, saluée avec bonheur. Entretenez-en suavement le désir dans votre cœur. Dites-vous «Dans quatre heures, dans deux heures, dans une heure, j'irai à l'audience de grâce et d'amour de Notre-Seigneur : il m'a invité, il m'attend, il me désire »."Le vrai secret de l'amour est donc de s'oublier comme saint Jean-Baptiste pour exalter et glorifier le Seigneur Jésus. Le vrai amour ne regarde pas ce qu'il donne, mais ce que mérite le Bien-Aimé". (Saint Pierre-Julien Eymard)
PASSEZ CHAQUE SEMAINE UNE HEURE AVEC JÉSUS AU SAINT-SACREMENT
Jésus "nous attend dans le sacrement de son amour..." où il adresse à chacun de nous son éternel appel : « Ne pouvez-vous pas veiller une heure avec moi? » (Mc 14, 37). Jésus veut nous rappeler que prier une heure en sa présence n'est pas difficile , car il est la personne la plus facile à rencontrer. Nous pouvons nous aider d'un livre de prière, des saintes écritures, du chapelet. Sachons entrer dans le silence intérieur en parlant cœur à cœur avec Jésus comme avec un ami. Plus que tout, le Seigneur veut notre coeur. Il veut nous parler, nous bénir, nous sanctifier, nous saisir et nous conduire vers Dieu son Père. Il se peut aussi que nous soyons si fatigués et accablés que nous ne voulions rien faire si ce n’est de nous asseoir, de nous reposer et de ressentir la douce paix qui provient du fait d’être en présence de celui qui nous aime le plus, Jésus au Très Saint-Sacrement qui dit "Venez à Moi, vous tous qui peinez et ployez sous le fardeau, et Moi je vous soulagerai" (Mt 11, 28). "C'est ma paix que je vous donne" (Jn 14, 27).
"Si vous lisez l'Evangile, transportez-le en l'Eucharistie, et de l'Eucharistie en vous. Vous avez alors une bien plus grande puissance. L'Évangile s'illumine, et vous avez sous les yeux et réellement la continuation de ce que vous y lisez." (Saint Pierre-Julien Eymard). "Jésus a deux trônes, un de gloire au Ciel, un autre de douceur et de bonté sur la terre; deux cours: la cour céleste et triomphante, et la cour de ses rachetés ici-bas. Par l'adoration eucharistique, nous formons la cour de Jésus sur la terre. Il reste au Saint-Sacrement pour que nous puissions rendre à sa personne, le même culte que Marie, Joseph, les mages, les bergers, ses amis lui ont rendu tout au long de sa vie terrestre. En contemplant comment les personnages des évangiles ont rencontré, adoré, parlé, supplié Jésus, nous apprendrons comment le rencontrer, l'adorer, lui parler au Saint-Sacrement. L'Eucharistie est véritablement la continuation de son incarnation: il y achève et complète tous les mystères de sa vie terrestre." (Saint Pierre-Julien Eymard)
Quand vous priez le chapelet en présence du Saint-Sacrement, vous aimez Jésus avec le Cœur de Marie, et vous offrez à Jésus la parfaite adoration de Marie. Jésus accueille votre heure d’adoration comme si elle venait de Marie elle-même. Marie vous reçoit dans son Cœur et Jésus accepte votre heure passée avec lui comme si elle venait directement du Cœur de sa très sainte Mère. Le Cœur de Marie comble les lacunes de notre propre cœur. "Le Rosaire lui-même, entendu dans son sens le plus profond, biblique et christocentrique, que j’ai recommandé dans la Lettre apostolique Rosarium Virginis Mariæ, pourra être une voie particulièrement adaptée à la contemplation eucharistique, réalisée en compagnie de Marie et à son école..." (Jean-Paul II, Mane Nobiscum Domine, 2004)
Comment faire une Heure Sainte ? Aucune méthode n'est meilleure que les autres. Saint Pierre-Julien Eymard proposait la méthode d'adoration par les quatrefins de la messe. Mère Térésa séparait l'Heure Sainte en deux parties: pendant la première demi-heure, elle récitait et méditait le chapelet, puis elle restait silencieusement devant le Seigneur exposé pendant la seconde demi-heure. Tous les saints ont laissé l'Esprit Saint les conduire dans cette relation intime avec Jésus qui continue son incarnation dans l'Eucharistie...
SECHERESSES ???
Ce n'est pas ce que nous faisons qui rend l'heure sainte, mais ce que Jésus fait en nous : il déverse en nous son Esprit-Saint et nous sanctifie. Ce qui compte avant tout, c'est notre désir d'aller passer une heure avec Jésus vraiment présent en personne, au lieu de garder cette heure pour nos propres occupations personnelles... "Venez à moi, vous tous qui avez soif. Que boive celui qui a soif, selon le mot de l'écriture: de son sein coulera un fleuve d'eau vive." (Jn 7, 37) Même si vous pensez ne pas pouvoir bien prier, car vous êtes facilement distrait, Jésus veut que vous sachiez qu’il comprend cela… C’est naturel. Ce qu’il veut que vous compreniez est le surnaturel : qu’il vous aime tant que le simple fait de choisir de passer une heure avec lui de prière apporte à son Sacré Cœur une joie indescriptible.
Et si on ne ressent rien ? Il faut tourner notre adoration vers Dieu lui-même et non pas vers ce qu'on attend de Dieu... Jésus peut donner à l'âme, de manière ponctuelle, des grâces très sensibles pendant le temps d'adoration. Il nous donne les consolations appropriées à notre situation lorsque nous en avons besoin. Mais l'adorateur ne doit pas envier ces grâces pendant son temps d'adoration. Il risquerai alors de chercher les consolations de Dieu plutôt que le Dieu des consolations. Dans sa pédagogie divine, Dieu préfère donner des grâces qui édifient la vie intérieure et fortifient l'union avec lui plutôt que des grâces sensibles. Trop souvent, les adorateurs éprouvent un découragement lorsque l'adoration devient aride, à cause de leur attrait désordonné pour les consolations sensibles. Le Seigneur purifie alors la foi de l'adorateur, non pas en supprimant sa grâce, mais en donnant une grâce qui fait passer l'âme d'un attachement sensible de Dieu à une adoration en esprit et en vérité. "Tout sarment qui porte du fruit, mon Père l'émonde pour qu'il en porte davantage" (Jn 15, 2). "Vous êtes dans l'aridité, glorifiez la grâce de Dieu, sans laquelle vous ne pouvez rien ; ouvrez alors votre âme vers le ciel, comme la fleur ouvre son calice au lever du soleil pour recevoir la rosée bienfaisante. Mais vous êtes dans l'état de tentation et de tristesse ; tout se révolte en vous ; tout vous porte à quitter l'adoration sous prétexte que vous offensez Dieu, que vous le déshonorez plus que vous ne le servez ; n'écoutez pas cette spécieuse tentation, c'est l'adoration du combat, de la fidélité à Jésus contre vous-même. Non, non, vous ne lui déplaisez pas ; vous réjouissez votre Maître qui vous regarde. Il attend de nous l'hommage de la persévérance jusqu'à la dernière minute du temps que nous devions lui consacrer." (Saint Pierre-Julien Eymard)
"Là donc, au Sacrement, Jésus nous offre le modèle de toutes les vertus. Rien n'est beau comme l'Eucharistie ! Mais, seules, les âmes pieuses qui communient, qui réfléchissent, peuvent le comprendre. Les autres ne comprennent rien. Il est peu de personnes qui pensent aux vertus, à la vie, à l'état de Notre-Seigneur au Saint-Sacrement. On le traite comme une statue; on croit qu'il n'est là que pour nous pardonner et recevoir nos prières. C'est faux. Notre-Seigneur vit et agit: regardez-le, étudiez-le, imitez-le..."(extrait de Eucharistie notre Voie de saint Pierre-Julien Eymard)
« C’est par le cœur que nous faisons oraison et une volonté sincère et persévérante de la faire est une oraison véritable. Les distractions quoi sont entièrement involontaire n’interrompent pas la tendance de la volonté vers Dieu… N’attaquez pas de front les distractions : c’est se distraire que de contester contre la distraction même. Le plus court est de laisser tomber… Vous passeriez tout votre temps à combattre contre les mouchez qui font du bruit autour de vous : laissez-les bourdonner à vos oreilles, et accoutumez vous à continuer votre voyage, comme si elles étaient loin de vous. Prenez les endroits de l’Évangile qui vous touchent le plus. Lisez lentement et à mesure que quelque parole vous touche, faites-en ce qu’on fait d’une conserve, qu’on laisse longtemps dans sa bouche l’y faire fondre. Laissez cette vérité couler peu à peu dans votre cœur ». (extrait d'une Lettre du 31 mai 1707, Fénelon, archevêque de Cambrai).